3 déc. 2012

Je t'ai dans la peau


on Maître sera gravé dans ma peau. De son J personnel, de son sceau indélébile. C'est bien là le plus fort engagement que je n'aurai jamais accordé à quelqu'un...

Samedi nous avons couru les tatoueurs pour défricher le terrain. Je ne veux pas confier mon corps à n'importe qui.J'ai aussi l'appréhension: non seulement je n'ai jamais marqué mon corps mais jamais non plus je n'aurais accordé ce privilège à un vanille. Et de mon fait, honnêtement, l'amour ne m'a jamais portée non plus à me dire que j'allais le clamer sur ma peau...
 J'ai opté après trois boutiques, pour l'intime Atelier 168. Il faut dire qu'entre l'usine Abraxas et l'interlope Anomaly, seul celui-là nous a montré à la fois des qualités d'écoute, des qualités esthétiques, des qualités d'hygiène indispensables et le déroulé exact de comment nous allions procéder. Et surtout, il ne fait pas de piercings... Il est tatoueur, dans l'âme.

Maintenant, puisque Jeff doit réfléchir au dessin exact de son sceau, moi, je me contente de faire le travail intérieur. Cela m'a réveillée cette nuit, d'ailleurs. Je crois que la mesure du non-retour de la chose me terrifie aussi.  Je ne m'étais pas tant posé de questions à mon mariage. C'est bien plus fort. Cela me questionne sur mon avenir, sur mon désir de vivre ainsi toute ma vie, et de l'avoir inscrit, là au bas du dos.

Tu seras mienne. Je suis vôtre. Pas de parchemin ici, ni de cérémonie. Un acte intime, à deux, mes reins, sa main. Une signe qui dira sans montrer. Une lettre qui me désignera toujours comme sa propriété. Qui ne s'ôte pas pour se laver ou pour dormir. Qui ne s'esquive pas si les circonstances l'exigent. Qui ne m'appartient pas non plus, même si je l'ai accepté.

Mesurer aujourd'hui l'engagement profond de cette inscription, cela me donne le vertige. Cela devient si concret. Si véritablement définitif! Comme nous.

25 nov. 2012

Quand la soumise mollit...

... c'est la faute du Maître?

Depuis quelques temps, troublés un peu par les changements, nous voguons sur une sphère... vanille. J'ai bien reçu mes règles et je les applique, mais nous n'avons plus le temps de nous poser assez pour que je sente toute la fermeté du Maître.

-Tu as besoin de dureté, Ma?


J'ai besoin de douceur et de dureté. J'ai besoin de consolation. J'ai besoin d'avoir mal, d'être contrainte, de pleurer, puis enfin d'être consolée. Je suis, je reste la petite fille sexuée qui doit vous sentir dans toute la dimension de votre amour pour devenir une femme et exprimer sa sensualité.

Je mollis. Je suis cet être pétri d'habitudes: mettre son collier le matin, vous dire bonjour, vous saluer quand je suis à vos côtés, vous baiser les pieds. Mais je ne veux pas être que cela. Je veux continuer à être surprise. Et je ne le suis pas pour l'instant. Nous ne nous posons pas. Nous n'avons pas de temps pour nous.


L'autre soir, nous recevions des amis vanille. Plus ma meilleure amie et son compagnon. Elle sait tout de moi, mais pas lui. Bien sûr. La soirée s'est déroulée comme une soirée entre amis se déroule habituellement. Puis je suis allée cherchée quelque chose dans la chambre. Je me suis retournée, vous étiez là. J'étais arrivée avec mon amie. Je ne vous avais pas salué. Vous m'avez mise à genoux, ferme. Et tout d'un coup, l'être que je côtoie. L'homme doux, sensible, à l'humour dévastateur (plouf plouf?) et si sympathique, est devenu le Maître. Le regard s'est durcit. La bouche s'est pincée. La main n'a pas hésité. Et juste cela m'a remise dans mon monde, à moi, dans mon cocon. Dans l'univers où je me sens vivre et détendue.

Alors, je mollis Maître.

Depuis combien de temps je n'ai pas senti ni même caressé votre cravache? Depuis combien de temps mon derrière n'a pas rougi de honte? Depuis combien de temps je n'ai pas égrainé les minutes dans l'attente de la délivrance? Depuis combien de temps ne m'avez-vous pas malmenée dehors, aux ombres d'une rue ou aux coins d'un porte cochère? Votre voix de punition ne résonne plus, suis-je si sage? Votre courroux contrôlé ne porte plus de coup, suis-je si raisonnable? Quand est-ce que reviendra le bâillon? Quand est-ce que je revivrai le doux tourment de manger à terre?

Et aussi: quand vous appartiendrai-je vraiment? Jusque dans ma chair?

Oui, Maître, je mollis... et dans ces cas-là, mon désir s'éteint, je ne ressens plus rien. Que cette mélancolie atone qui mine mes jours. Maître que j'aime, reprenez nos jours en mains.
Ou alors comme au Moyen Ange, une figurine de femme enchainée représentant un J...

7 nov. 2012

L'esprit des règles


Copyright Jonathan Barret alias Pikou,
un génial dessinateur que j'ai connu dans le cadre de mon travail.

Le maître s'exprime par les règles, en tout cas l'esprit du maître. Et je tiens à dire: j'ai sacrément intérêt à investir dans des genouillères, car je pense que je frôle la maladie du carreleur à la seule lecture de miennes.

A genoux, s'il te plaît quand-même, mais à genoux quoiqu'il arrive. Ma position naturelle sera celle-là, pas une autre: à terre. Je vais me transformer en lutrin vertical, joli petit objet d'angle droit, serre-livre humble et modeste. Bon, parfois sexy, une figurine que l'homme lubrique poserait avec amour sur ses étagères, frôlant l'orgasme à imaginer seulement qu'il pourrait avoir une fée Clochette rien que pour lui, mais ici en grand, en vrai, sur le sol, pour le plus grand bonheur de mon pervers à moi.

Ma position naturelle est la seule que je peux prendre sans risquer aucune réprimande: autant dire que c'est mon église à moi, mon refuge de petit Highlander du gigotage et de l'insoumission. Je ne sais pas quoi faire? hop, ni une ni deux, je plonge sur mon coussin de petite chienne, et je pose mes délicats genoux, mains dans le dos (je ne suis pas une pietà en adoration, il ne faut pas exagérer!) et yeux baissés. Au moins, celles qui dans leur position de soumise, ne savent jamais quoi faire de leur corps, ici, seraient comblées d'aise. Statue de sel tu es priée d'être et surtout, ne bouge pas!

Vous l'aurez compris, mon logorrhéique de maître m'a envoyé de sa villégiature vacancière et non moins familiale, une longue lettre de premières règles bien ficelées: les Règles dans l'Intimité. Il se dit inspiré, moi je dis qu'il frôle le syndrome Balzac. Il tire à la ligne, et je crains qu'il ne s'arrête pas là. Il m'a promis les Règles en Public, puis m'a menacée de définir mes pensums. Aïch!

Ne jamais envoyer votre maître adoré et non moins fatigué, en repos campagnard. Nourri, blanchi, aimé (une mère+que des sœurs, ça vous forge un coq en pâte), il se détend et commence à penser. Très mauvais pour la soumise.

Bien entendu, je plaisante. Vous avez remarqué? Nous n'avons pas de contrat. D'aucuns diront grandiloquents, que notre contrat à nous c'est l'amour... ce qui me fera rire aux éclats.  D'autres pourront déclarer que le contrat c'est surfait (tu me dois obéissance et tout et tout... je te dois protection... ça me rappelle un autre contrat tout ça ;-)). Je dis juste qu'il est tacite, et que mes règles suffisent, surtout qu'avant que Jeff passe à leur transcription, nous en avons bien entendu discuté.

Mais de quoi me plains-je alors? De rien... Je m'amuse tout en constatant que de voir son avenir ainsi cadré pour les nombreuses années à venir, synthétisé par l'esprit du maître, cela fait tout chose, ou rend tout drôle, ou l'inverse ma bonn'dame. Cela vous campe en tout cas les pieds dans le concret et vous fait envisager un investissement de taille: deux amortisseurs pour genoux.

Maître, je vous aime. Il est peu de dire que l'amour grandit quand vous vous affirmez ainsi. Il est peu de dire aussi que vous me donnez le vertige tout en m'excitant diablement. Mais est-ce un lieu ici pour parler de cyprine? Oui, définitivement! ;-)